... mais déjà, nous laissons des traces. Alors, laissons aussi des commentaires.

                
D'abord les séquences chronologiques des éditions LUIS CASINADA :

Acte 1 : de 1993 à 2003, Guy Barral édite 15 livres illustrés par des peintres et des plasticiens.

Acte 2 : de 2004 à 2012, sommeil.

Acte 3 : 2012, Sébastien Hervouet propose de relancer l'activité. L'activité est relancée.



Il y a donc 21 ans, en 1993, paraissait le premier livre des éditions Luis Casinada : Pirate, 5 nouvelles de Joseph Delteil illustrées par Isabelle Marsala. Comment en est-on arrivé là ?

Il y avait chez moi (Guy Barral) un désir lointain et ambigu de faire des livres.

Il y avait alors chez moi, sur mon bureau, des piles de manuscrits inédits de Joseph Delteil.

Il y avait une énorme imprimante LaserWriter (MacIntosh, motorisée Canon) qui acceptait miraculeusement toutes les formes de papier. 

Il y avait autour de Montpellier des peintres en veux-tu en voilà, et des bons !

Mais il y avait aussi :

Une répugnance pugnace à ajouter du livre aux livres.

A 16 ans, ma rencontre avec Mallarmé était un coup de foudre. Mais qui ressemblait à La Princesse au petit pois. Dans un édredon de délices, un mot du Maître me blessait de l'épiderme aux moelles : PUBLIE !

Près de 50 ans après, je n'ai toujours pas digéré cet impératif mallarméen. Je ne sais toujours pas pourquoi il faudrait publier. J'ai plus tard été heureux de lire chez Valéry (qui a tant publié) l'esquisse du même doute, théorisé par Monsieur Teste. J'ai souri quand Jacques Lacan (qui a tant publié) écrit poubelisation pour publication.

Bref, j'aime le livre, mais n'ai jamais compris pourquoi les auteurs publiaient et pourquoi les éditeurs-recéleurs éditaient.

Teste-Mallarmé est-il inférieur à Stéphane Mallarmé ? La scholastique dit oui, le rêve dit non.

Bref, je me suis décidé à éditer, mais peu.

Mais presque rien : casi nada.

Très peu d'exemplaires. Peser si peu, furtivement. Casinada, c'est aussi une réminiscence des livres de Vladimir Jankélévitch : Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien.

Ceci posé, (publier peu), la divine surprise fut de constater que ça me libérait d'une corvée terrifiante : commercialiser mes productions.

30 exemplaires, c'est assez facile à vendre (quand le produit est bon), et si par hasard ça se vendait mal (il reste toujours quelques exemplaires), la gamelle financière n'est pas un abîme.

Après, le premier pas franchi, le vouloir-vivre de l'édition m'a emporté jusqu'à publier 15 livres en 10 ans. (Plus quelques babioles intimes).

Chacun sera à son tour présenté ici, chacun aura sa notice détaillée et anecdotique (ce sont des livres à palabres).